Ovidie la militante du sexe
Si Ovidie s'est faite un nom dans le milieu des films pornographiques, elle est aussi une militante des droits de la femme. Bien des puritaines, voire même certaines féministes voient cette dualité comme un antagonisme. Pourtant l'égalité doit remplir son rôle dans son entier : à savoir que ce qui est naturel pour les hommes, l'est aussi pour les femmes ; or il n'en est rien. Dans des pays dits civilisés comme la Suède, la Suisse ou l'Allemagne, les services sociaux sont tout puissants. Dans son documentaire « là où les putains n'existent pas », Ovidie dévoile ce que le puritanisme fait aux femmes au nom de leur défense.
Tout en étant réalisatrice de films pornographiques, elle dénonce l'industrie du X.
Elle dénonce également les dérives d'internet dans le secteur de la pornographie et s'inquiète de la protection des enfants.
Elle parle aussi de la reconversion des actrices acteurs de films pornographiques, mis au banc d'une société hypocrite à la fois puritaine et salace.
Le même société qui mettait au pilori le Marquis de Sade tout en organisant des soupers orgiaques. Si l'écrit d’Apollinaire « les onze mille vierges » semble n'être qu'affabulations de très mauvais goût à prendre au quatrième degrés, bien des pratiques immondes qu'il révèle se sont avérées vécues.
Lorsque Catherine Breillat tourne « Romance X » avec Rocco Sifredi, la critique intello encense, et le film bien qu'à caractère pornographique, n'est pas publié en tant que tel. Par contre le film d'Ovidie « histoires de sexe » se voit refusé le visa d'exploitation et interdit en salle.
Des films comme « irréversible » qui font l'apologie du viol, de la violence gratuite, rempli de clichés et de scènes abominables, sont à la une des salles de cinéma et passent même au festival de Cannes. Ce n'est certes pas les films d'Ovidie, même de très bonne qualité, qui auront ce privilège.
La femme qui reconnaît faire un métier lié à la sexualité par plaisir, par choix ou pour l'art, sera toujours rabaissée, reléguée au rang de femme indigne, inapte à être mère, provocatrice, dépravée, en bref la honte de la société. Malheureusement, il y a deux poids deux mesures entre les discours égalitaires et la réalité partagée entre puritanisme et sectarisme. De le même façon qu'Ovidie dit qu'on empêchera pas les jeunes de voir du porno, on ne peut pas empêcher les gens de céder à l'atavisme. Alors que les religions, qu'on avait pu reléguer dans les années 80 à leur rôle de croyance, prennent de plus en plus d'ampleur actuellement, pour s'ériger jusque dans la politique, alors que le voile des femmes passe pour une coutume volontairement acceptée par celles-ci, comment penser que l'on peut instaurer une égalité hommes-femmes ? A l'instar du film « les amants du nouveau monde », il semble que la société actuelle revienne au puritanisme du XVIIe siècle.
Il paraît alors impossible que l'on puisse prendre Ovidie au sérieux. Même lorsqu'elle fait des documentaires sérieux, elle est toujours considérée comme une réalisatrice et actrice de films de cul, donc comme une femme à part de la bonne société.
Il semble que Brigitte Lahaie ait réussi sa reconversion, pourtant combien de fois la voit-on au petit écran ? Les hommes, eux, ont plus de facilité en tant qu'acteurs porno : Rocco Sifredi est une star adulée, HPG lorsqu'il sort un film " fils de " a droit au festival de Locarno.
La France restera-t-elle toujours une vierge effarouchée ? Si l'on prend le cas de l'Italie, avec la Cicciolina, qui malgré ses nombreuses apparitions dans des films pornographiques plutôt corsés, a réussi l'exploit d'être élue députée.
Alors quand la réalité française s'adaptera-t-elle enfin aux discours ? Espérons que des femmes comme Ovidie fasse que cela soit possible un jour.